Dans les conditions actuelles de l’organisation des élections législatives au Bénin, le pays s’achemine vers le «chaos», a averti hier l’ex-président béninois, Boni Yayi, appelant à «arrêter le processus électoral en cours».
Le corps électoral béninois est appelé à renouveler l’Assemblée nationale le 28 avril prochain, lors d’un scrutin controversé, dont l’opposition est exclue. Selon la Commission électorale, les partis de l’opposition ne répondaient pas aux exigences du nouveau code électoral voté en septembre 2018.
«J’en appelle au sens élevé de l’Etat et de responsabilité du président de la république monsieur Patrice Talon», a déclaré Thomas Boni Yayi, en conférence de presse à Cotonou, invitant son successeur «à prendre toute la mesures de la gravité de la présente situation (…) et à arrêter le processus électoral en cours».
Estimant que le président Patrice Talon «n’est pas dans la bonne direction», l’ex-dirigeant béninois a exposé toutes les conséquences possibles de la poursuite du processus électoral dans sa forme actuelle.
«S’entêter, c’est détruire notre héritage démocratique, décrédibiliser et isoler notre pays au plan international, remettre en cause la légitimité, la paix et la stabilité dans notre pays, inaugurer un cycle de violences inutiles, mettre en péril la sécurité et la stabilité dans la sous-région», a martelé celui qui a dirigé le Bénin de 2006 à 2016.
Boni Yayi ne s’était plus exprimé en public depuis la prise de fonction du président Talon, il y a trois ans. Convaincu qu’«il ne saurait y avoir d’élections législatives (au Bénin) sans l’opposition», Yayi a demandé aux Béninois de s’unir dans un «sursaut patriotique» et de demander «un Parlement inclusif pour garantir la stabilité et la paix».
La tension est palpable dans l’ancien royaume du Dahomey, à l’approche du scrutin à polémique. Les autorités ont interdit le dernier mouvement de protestation lancé à l’appel de l’opposition début avril, et les manifestants ont été dispersés par les forces de l’ordre avant même de pouvoir défiler.