Les Nobel de la Paix 2018 congolais, Denis Mukwege et yazidie Nadia Murad ont interpelé les Nations Unies sur le manque de réaction de la communauté internationale pour soutenir les personnes victimes de crimes sexuels dans les pays en guerre, lors d’un débat paradoxal qui a vu l’adoption d’une résolution amputée de sa substance par les Etats-Unis et la Russie.
La France a vivement critiqué l’attitude des Etats-Unis, ce mardi au Conseil de sécurité de l’ONU, qui a vidé de sa substance un projet de résolution allemand censé intensifier la protection des femmes victimes de violences sexuelles lors des conflits.
Le texte aura été finalement adopté au Conseil de Sécurité, par 13 voix et deux abstentions, celles de la Russie et de la Chine, mais seulement après que les Etats-Unis aient réussi à retirer ses mentions liées aux droits sexuels et reproductifs et à la création d’un «mécanisme» devant faciliter la poursuite en justice des auteurs de violences sexuelles qui a été également rejetée par Washington, Moscou et Pékin.
En plus des Etats-Unis qui brandissaient la menace d’un véto, la Russie et la Chine dénonçaient «des interprétations laxistes» dans le texte allemand et des «manipulations» pour créer de nouvelles structures et «outrepasser» des mandats existants.
Cette triple opposition explique que le texte qui a été adopté hier ait été vidé de sa substance, au grand dam de nombreux diplomates au sein des Nations unies. Beaucoup ont déploré la faiblesse du texte, comme Denis Mukwege et Nadia Murad, mais également Amal Clooney, l’avocate des victimes yazidies.