Les Béninois auraient suivi le mot d’ordre des leaders de l’opposition, appelant à ne pas prendre part aux élections législatives tenues ce dimanche 28 avril. Les électeurs ont en effet défilé au compte-gouttes dans les bureaux de vote.
Ce scrutin qui devrait élire 83 députés, a été historique dans la mesure où les candidats de l’opposition n’ont pas été autorisés à se présenter pour n’avoir pas rempli les conditions exigées par la Commission électorale nationale autonome (Céna), à la suite d’une révision de la loi électorale.
En signe de protestation, les citoyens ont choisi de rester chez eux. Aucun leader de l’opposition ne s’est déplacé. Selon des témoignages, certains partisans du président Patrice Talon n’auraient pas non plus voté, estimant qu’un scrutin sans candidats de l’opposition est une farce.
En fin de compte, les cinq millions de Béninois inscrits sur les listes électorales n’avaient le choix qu’entre le Bloc Républicain et l’Union Progressiste, deux formations proches du chef de l’Etat qui est accusé d’être responsable de ces troubles dans le processus électoral.
La société civile béninoise n’est pas restée indifférente à cette situation inédite. Elle a refusé de déployer des observateurs en signe de mécontentement.
Amnesty International a dénoncé la décision des autorités de «fermer l’accès à Internet et aux médias sociaux le jour des élections, une violation flagrante du droit à la liberté d’expression».
Selon le ministre de l’Intérieur, Sacca Lafia, qui a admis la faible affluence des électeurs, «le vote s’est globalement bien déroulé», malgré des incidents enregistrés dans sept villes du pays. Il a prévenu que «les auteurs et les commanditaires des troubles et des actes de violence seront poursuivis» en justice.
D’aucuns attendent à présent les premières tendances (chiffre de participation et autres) qu’annoncera la Céna, probablement le mardi 30 avril.
Le porte-parole de l’Union sociale libérale (USL), Donklam Abalo, qui dénonce «une parodie d’élection», a indiqué que «même si des députés venaient à sortir de ces élections, ce serait des députés illégitimes» dans la mesure où «le peuple n’a pas validé cette élection».