Dans une plainte transmise lundi à la procureure de la Cour pénale internationale, un avocat et une ONG, accusent l’Union européenne de politiques visant à ignorer le sort des migrants en détresse en mer, afin d’en dissuader d’autres de chercher refuge en Europe.
Juan Branco, avocat et ancien assistant du premier procureur de la CPI et Omar Shatz, membre du Réseau mondial d’action juridique, une ONG représentant les victimes de politiques migratoires, accusent l’Union européenne et ses Etats membres de meurtre, torture, traitements inhumains et déplacements forcés contre les migrants tentant de fuir la Libye.
« L’UE est une structure de pouvoir très complexe, qui a également permis ce double discours, parce qu’elle a caché la nature de sa politique et qu’il est très compliqué d‘établir les responsabilités réelles », avance Juan Branco, avocat et co-auteur du rapport.
La plainte destinée à la CPI vient s’ajouter aux nombreux rapports établis par des ONG et aux dénonciations répétées de responsables des Nations unies. Selon l’Organisation internationale pour les migrations, plus de 5 100 migrants sont morts en mer en 2016.
Fin mai, dix ONG internationales avaient notamment exhorté l’Union européenne et ses Etats membres à « revoir en urgence » leurs politiques migratoires, soulignant que les migrants, « y compris les femmes et les enfants, sont sujets à des détentions arbitraires et illimitées » en Libye, dans des conditions « abominables ».
« La communauté humanitaire est témoin chaque jour de la souffrance des migrants et réfugiés en Libye, où ils sont de plus en plus exposés à des risques immédiats alors que la violence continue de déstabiliser le pays », indiquent dans un communiqué commun les membres du Forum des ONG internationales pour la Libye.
Les agences de l’ONU et organisations humanitaires rappellent régulièrement leur opposition à ce que les migrants arrêtés en mer soient ramenés en Libye, où ils se retrouvent placés dans des camps de détention ou à la merci de milices.