Le projet de construction d’une centrale au charbon, à proximité d’une petite île kenyane, Lamu (est du pays), continue de susciter la colère des militants écologistes et de la communauté locale qui ont manifesté, mercredi à Nairobi. Certains manifestants portaient sur leurs épaules des cercueils noirs marqués de têtes de mort blanches.
Ils étaient environ 200 Kenyans à envahir les rues de la capitale pour dénoncer ce projet, le premier du genre en Afrique de l’Est, scandant notamment «le charbon est du poison».
Un manifestant, Omar Elmawi, également coordinateur de campagne pour «deCOALonize», une ONG qui milite contre l’énergie au charbon, a déclaré à l’AFP qu’«il n’y a aucun besoin de construire des sources d’énergie sale comme le charbon pour répondre aux demandes du Kenya en énergie, alors que le pays est un leader en Afrique avec un mix énergétique à 85% renouvelable».
«Avec un accès aux énergies éolienne, solaire, géothermique et marémotrice, le potentiel du Kenya en énergie renouvelable est rentable et ne cause aucun mal aux gens et à l’environnement », a-t-il ajouté, soulignant également que « c’est environ un million de dollars de dépenses par jour pour une centrale électrique dont on n’a pas besoin. Sans compter son impact sur l’environnement, et la pollution qui va suivre ».
Pour sa part, un membre de Greenpeace, Fredrick Njehu, a fait savoir que le Kenya dispose d’un « excédent d’énergie actuellement» et les besoins de son industrie «sont largement satisfaits».
Ce pays, a-t-il insisté, n’a «pas besoin d’investissements supplémentaires dans des énergies fossiles», et il est «actuellement en mesure d’investir dans les énergies renouvelables».
Mais l’appréciation du gouvernement est tout autre sur ce projet qui est financé à hauteur de deux milliards de dollars par la Chine essentiellement. Les autorités défendent plutôt un chantier qui favorisera la croissance économique, permettra de créer des emplois et de s’assurer une source d‘énergie pour le futur.
Lamu est une destination touristique qui inclut un site inscrit au patrimoine mondial et une riche biodiversité marine. Le Tribunal national pour l’Environnement rendra, le 24 juin prochain, un jugement sur le futur projet de la centrale électrique contesté.