Une église a été incendié par des manifestants dans la nuit de samedi à dimanche à Maradi, troisième grande ville du Niger, à la suite de l’arrestation de l’imam de la mosquée du quartier populaire de Zaria.
«Depuis deux heures du matin, on est restés éveillés, l’église de Zaria et la voiture du pasteur ont été incendiées par des individus qu’on ne connaît pas. La gendarmerie est sur place, soyons prudents» a affirmé un responsable de l’église dans un message adressé à ses paroissiens.
Selon des témoins, samedi en fin de soirée, «des groupes de jeunes ont manifesté en posant des barricades sur la chaussée et en brûlant de vieux pneus suite à l’arrestation par la police de Cheick Rayadoune», influent imam de la mosquée, après avoir qualifié vendredi «d’anti-islam» un projet de loi du gouvernement de Niamey sur «l’organisation de l’exercice du culte au Niger».
Maradi a retrouvé son calme dans la journée de dimanche après la remise en liberté de l’imam de la mosquée de Zaria.
Un projet de loi a été adopté fin avril en conseil des ministres, afin de «prévenir les risques de dérives constatées dans d’autres pays» et de donner les moyens à l’Etat de «contrôler les pratiques qui ont cours dans la sphère religieuse».
Le communiqué du conseil soulignait alors une «absence totale de normes rigoureusement définies» concernant l’exercice du culte dans le pays, sur fond d’un «environnement sous-régional marqué par un développement de tendances religieuses fondamentalistes et extrémistes». Le texte doit encore être adopté par le Parlement, avant son entrée en vigueur.
Le Niger a déjà connu de graves troubles à caractère religieux. Après la publication de caricatures du prophète Mahomet par le journal français Charlie Hebdo en 2015, des émeutes anti-chrétiennes avaient fait 10 morts à Niamey et des églises avaient été incendiées dans la capitale du pays et à Zinder, la deuxième ville du Niger.