La procureure en chef de la Cour pénale internationale, Fatou Bensouda, ne veut en aucun cas lâcher l’ex-président soudanais déchu, Omar el-Béchir, qu’elle a réclamé de nouveau, mercredi, devant le Conseil de sécurité de l’ONU.
« Le moment est venu pour le peuple soudanais de choisir le droit au détriment de l’impunité et de veiller à ce que les suspects de la CPI dans le dossier du Darfour soient finalement jugés devant un tribunal », a-t-elle plaidé.
Bensouda s’est dite prête à « engager un dialogue avec les autorités soudanaises pour faire en sorte que les suspects du Darfour soient traduits devant une justice indépendante et impartiale », soit devant la CPI à La Haye (Pays-Bas), soit au Soudan si la cour nationale garantit le respect des normes internationales.
Estimant que « le maintien de l’impunité n’est pas une option », elle a insisté sur le fait que « les victimes du Darfour méritent d’être enfin entendues devant un tribunal ».
Omar el-Bechir est accusé de génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre pour le conflit au Darfour, qui a fait près de 300 000 morts et quelque 2,5 millions de déplacés, selon l’ONU. Il est visé depuis longtemps par un mandat d’arrêt émis par la CPI.
Mais les militaires qui ont pris le pouvoir après la chute du président s’opposent toujours à son transfert. « Notre position est inchangée » et « nous n’avons aucune obligation vis-à-vis de la Cour », a fait part le représentant du Soudan à l’ONU, Elsadig Ali Ahmed. Il a assuré que l’ancien président sera jugé la semaine prochaine et il n’y aura donc pas d’impunité.
Certains observateurs estiment que le refus des militaires au pouvoir, de livrer Omar el-Béchir, s’explique par leur crainte d’être mis également en cause, en cas de comparution de l’ex-président, devant la CPI, qui pourrait les exposer. Raison pour laquelle, selon eux, ils préfèrent avoir affaire à leurs alliés, les juges locaux.