Près de 2.000 personnes ont manifesté dimanche à Maiduguri, dans le nord-est du Nigeria, pour dénoncer les dérives de certaines milices d’auto-défense, ces groupes formés de volontaires pour chasser les éléments de Boko Haram, qui servent de force supplétive aux côtés des forces de sécurité, mais sont souvent difficiles à contrôler.
Les manifestants ont bloqué des routes principales dans le quartier de Suleimanti de la ville et mis le feu, provoquant le chaos malgré les appels de la police et des militaires.
Les manifestants dénonçaient les exactions de la Force d’intervention civile conjointe (CJTF – Civilian Joint Task Force), alors que d’autres exigeaient ni plus ni moins que le bannissement de cette milice de la ville. La CJFT a tenté d’arrêter la manifestation en attaquant les manifestants à coups de matraque et en arrêtant des dizaines de personnes.
Tout a commencé avec l’assassinat samedi soir, d’un conducteur de moto-taxi par des miliciens du groupe d’auto-défense. La CJFT a insisté sur le fait que la victime avait été abattue pour ne pas s’être arrêtée à un poste de contrôle, sauf que le conducteur a été interpelé bien avant le début du couvre-feu à 22h.
Cette affaire vient mettre en évidence les abus de certaines milices d’autodéfense à l’endroit des civils en les prenant pour de présumés djihadistes.
Mis sur pied en 2013 pour chasser les éléments de Boko Haram de la ville de Maiduguri, épicentre de l’insurrection djihadiste au début des années 2000, ces comités de vigilance sont devenus progressivement des milices civiles.
Aujourd’hui, le statut flou de ces groupes, sensés lutter contre Boko Haram mais dont les méthodes sont parfois contestables, inquiète de plus en plus. Amnesty International dénonce notamment des recours à la torture. Et pourtant, il est difficile de les poursuivre en justice tant ils ont contribué, notamment en termes de renseignements, aux succès engrangés sur le terrain, par les forces de l’ordre nigérianes dans la lutte contre Boko Haram.