Le président russe Vladimir Poutine a promulgué hier mercredi une loi autorisant son pays à s’affranchir du traité sur les forces nucléaires intermédiaires (FNI), conclu avec les Etats-Unis en 1987 durant la guerre froide.
Le texte de loi, adopté par la Douma (parlement) le 18 juin et approuvé par le Conseil de la Fédération le 26 juin, est publié sur le portail officiel et est déjà entré en vigueur. Le document précise que la décision du renouvellement du traité par la Russie sera prise par le chef de l’Etat.
Le traité sur les forces nucléaires intermédiaires a été signé en 1987 par les anciens présidents américain, Ronald Reagan et russe, Mikhaïl Gorbatchev. Il avait pour objectif l’élimination par chacun des deux pays, de tous les missiles de croisière et balistiques d’une portée de 500 à 5.500 kilomètres.
Mais les Etats-Unis sous le mandat du président Donald Trump, ont été les premiers à dénoncer le traité en février dernier, accusant Moscou de le violer, et ont pris la décision, qui deviendra effective le 2 août prochain, de s’en retirer.
Les Américains pointaient du doigt le déploiement par la Russie de missiles SSCI-8, dont la portée était de 480 kilomètres selon Moscou, alors que l’OTAN et les Etats-Unis estimaient cette portée à 1.500 kilomètres.
La communauté internationale s’inquiète également de ce que les missiles développés par la Russie sont dits «à double capacité» et donc prédisposés à transporter des ogives nucléaires.
Alors que la signature du traité FNI avait mis un terme à la crise des euromissiles déclenchée par le déploiement en Europe des SS-20 soviétiques à têtes nucléaires, sa suspension fait craindre une nouvelle course aux armements entre Moscou et Washington, qui pourrait bien s’étendre.
La Russie sortie de l’accord, les Etats-Unis pourraient décider de se doter eux-mêmes d’un nouveau missile pour concurrencer la Chine, qui développe des armements du même type.
L’avenir du traité Start de réduction des arsenaux nucléaires stratégiques, qui arrive à échéance en février 2021, est également remis en question. Le président russe a affirmé samedi que son pays et les Etats-Unis avaient «entamé des consultations» sur son éventuelle prolongation.