Le groupe tchèque EPH, appartenant au milliardaire Daniel Kretinsky, a officialisé hier jeudi, le rachat au groupe allemand Uniper de deux des dernières centrales à charbon françaises, celle de Saint-Avold en Moselle et celle de Gardanne dans les Bouches-du-Rhône.
Daniel Kretinsky avait engagé en décembre dernier, des négociations exclusives avec le groupe allemand Uniper, qui souhaitait se désengager du marché français.
L’élément qui retient le plus l’attention dans cette opération de rachat, c’est son calendrier. L’annonce intervient quelques jours après que l’Assemblée nationale ait voté le dispositif de fermeture des dernières centrales à charbon françaises.
Selon les modalités de la loi, les deux sites doivent fermer au 1er janvier 2022, ce qui laisserait à l’industriel tchèque au mieux dix-huit mois d’opérations avant de devoir fermer et gérer l’indemnisation et le reclassement des salariés concernés. Par ailleurs, la centrale de Gardanne, dont les salariés sont en grève depuis plusieurs mois, est totalement à l’arrêt.
De toute façon, le cadre fixé par loi autorise les opérateurs de centrales à charbon à n’opérer que quelques heures par an, rendant l’exploitation déficitaire. L’objectif du ministère et des députés est d’obliger les opérateurs (EPH et EDF pour deux autres centrales) à fermer par eux-mêmes, et donc d’éviter de leur verser une indemnisation.
Selon certains analystes, EPH aurait racheté ces deux centrales à un prix très bas et se serait déjà engagé à revendre une centrale à gaz incluse dans le rachat à Total pour une somme non communiquée mais qui, selon plusieurs sources, couvrirait le rachat des centrales à charbon. Et une source proche de Daniel Kretinsky assure qu’EPH espère un soutien fort de l’Etat et des collectivités locales pour gérer le futur des salariés des deux sites.
Daniel Kretinsky a pris l’engagement que les fonds dégagés par cette vente seront consacrés au redéveloppement de ces sites dans le secteur énergétique. L’acquisition des deux centrales à charbon lui permettraient alors de prendre pied en France dans le secteur de l’énergie.
Le groupe EPH se présente comme le 6ème groupe d’énergie en Europe. Il possède des centrales électriques, des gazoducs et des distributeurs d’électricité et de gaz dans plusieurs pays européens, notamment en Slovaquie et en République tchèque, mais aussi en Italie, en Allemagne et au Royaume-Uni et emploie directement 10.000 personnes.