Le ministère syrien des Affaires étrangères a annoncé hier jeudi que son pays rejetait l’accord entre la Turquie et les Etats-Unis portant sur la création d’une zone de sécurité dans le nord de la Syrie, rapporte l’agence de presse officielle syrienne SANA.
Damas désigne ces deux pays comme des forces d’occupation et qualifie l’accord conclu mercredi entre Ankara et Washington comme «une violation flagrante du droit international et de la charte des Nations unies, d’escalade dangereuse qui menace la paix et la stabilité dans la région et dans le monde entier, compromettant les efforts en vue d’une sortie de la crise syrienne».
Autre réaction, un haut responsable kurde s’était félicité de cet accord, bien qu’estimant que ses détails restaient flous.
Mercredi, le ministère turc de la Défense annonçait dans un communiqué que la Turquie et les Etats-Unis avaient convenu, après trois jours d’intenses négociations, d’établir conjointement une zone de sécurité dans le nord de la Syrie et la mise en place en Turquie, d’un centre d’opérations conjoint afin d’en gérer la création.
Il n’est pas encore précisé ni quand ni comment la zone de sécurité sera créée, mais, selon le quotidien local Daily Sabah, la Turquie espère qu’elle s’étendra sur 32 kilomètres et dit souhaiter voir le groupe «terroriste» des Unités de protection du peuple éliminé dans la région.
Les Etats-Unis espèrent éviter à travers ce projet, une nouvelle opération militaire turque contre les Unités de protection du peuple (YPG), une milice kurde qui contrôle des zones du nord de la Syrie, la Turquie ayant multiplié ces derniers jours les menaces d’intervention contre les positions kurdes dans cette région.
Les YPG sont l’épine dorsale des Forces démocratiques syriennes (FDS), une coalition de combattants kurdes et arabes que les Etats-Unis et d’autres pays occidentaux appuient contre les djihadistes du groupe Etat islamique.
Or, Ankara dénonce les liens entre les YPG et le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui livre une sanglante guérilla en Turquie depuis 1984, et redoute que l’implantation d’une zone autonome kurde à sa frontière ne galvanise les velléités séparatistes de ce parti sur son sol.