Les autorités de Conakry ont reconnu jeudi que les manifestations qui agitent la Guinée depuis lundi dernier, ont eu des «conséquences tragiques» avec la mort de neuf personnes.
Le ministre guinéen de l’Administration du territoire, le général Bouréma Condé a déclaré jeudi qu’« il a été enregistré au total environ neuf cas de décès», dont huit dans la capitale, ainsi que de nombreux blessés, alors les autorités parlaient jusqu’ici d’un seul civil décédé à Conakry et d’un gendarme.
Selon le ministre, ces manifestations «non-autorisées ont engendré des conséquences tragiques», même si le «calme est revenu sur la quasi-totalité du territoire».
Quelques commerces ont timidement rouvert à Matoto, grande agglomération de la capitale, mais les manifestations se poursuivaient dans d’autres quartiers comme Hamdallaye, Cosa, Koloma, Lambanyi et Kobaya.
Le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), coalition de partis d’opposition, de syndicats et d’associations de la société civile, à l’origine des manifestations, a dénombré 10 morts côté manifestants, 70 blessés par balle et de près de 200 arrestations.
La coalition milite depuis des mois contre un projet de nouvelle Constitution, évoqué par le pouvoir, qui permettrait à Alpha Condé, 81 ans, de se présenter fin 2020 pour un troisième mandat. Leur nombre est actuellement limité à deux.
Ces tensions alarment la communauté internationale, dans ce pays à la stabilité incertaine, coutumier des protestations et des répressions extrêmement violentes.
«L’insuffisance de dialogue (…) provoque une escalade de la tension avec des recours à la violence, susceptible de porter gravement atteinte aux acquis démocratiques», ont conjointement averti les représentants à Conakry de l’ONU, de la Cédéao, de l’UE, des Etats-Unis et de la France notamment.
Huit des dirigeants du FNDC interpellés samedi. Ils encourent de 3 à 5 ans de prison pour avoir tenu des propos de nature à troubler l’ordre public en appelant à manifester, selon l’accusation.