La diplomatie égyptienne s’est dite profondément inquiète à propos des dernières déclarations du Premier ministre éthiopien, Abyi Ahmed, qui a fait allusion à une option militaire parmi les alternatives qu’Addis-Abeba pourrait utiliser pour protéger ses intérêts en lien avec le dossier du barrage de la renaissance en cours de construction du le Nil Bleu.
Ces propos sont «surprenants» et contraires aux principes et à l’esprit de la charte de l’Union africaine, selon le ministre égyptien des Affaires étrangères, qui a rappelé que son pays a toujours préconisé la voie de la négociation pour résoudre le différend «en toute transparence et de bonne foi».
L’Ethiopie n’est pas encore parvenue à accorder ses violons avec l’Egypte et le Soudan concernant son projet du barrage de la renaissance dont la construction sur le fleuve Nil a été entamée depuis 2011. Le Caire qui dépend du même fleuve pour son approvisionnement en eau douce, veut obtenir des garanties d’Addis-Abeba.
Le 5 octobre dernier, les pourparlers entre les trois pays, à Khartoum, n’ont pas abouti à une solution concrète. L’Egypte et l’Ethiopie se sont par la suite, rejetés mutuellement la responsabilité de cet échec.
Abiy Ahmed aurait dit, lors d’une séance de questions-réponses au Parlement, «qu’aucune force ne pourrait empêcher l’Ethiopie de construire un barrage», répondant aux rumeurs relatives à un recours à la force par l’Egypte.
«S’il faut se mettre en guerre, nous pourrions avoir des millions de personnes prêtes. Si certains pouvaient tirer un missile, d’autres pourraient utiliser des bombes. Mais ce n’est pas dans le meilleur intérêt de chacun d’entre nous», a-t-il ajouté.
Pour le chef de la diplomatie égyptienne, le Premier ministre éthiopien qui venait de recevoir récemment le prix Nobel de la paix devrait plutôt faire preuve d’une volonté politique et d’une souplesse pour parvenir à un accord qui prend en compte les intérêts des trois pays concernés.
A l’occasion du sommet Russie-Afrique qui s’ouvre ce jour à Sotchi en Russie, Abiy Ahmed devrait rencontrer le président égyptien, Abdel Fatah al-Sissi pour un tête-à-tête en privé.