En l’absence d’un contrôle étatique, les sites d’orpaillage au Sahel seraient visés par les jihadistes pour se financer, avertit l’International Crisis Group (ICG) dans un rapport.
L’ONG a, en effet, constaté qu’au Mali, au Niger et au Burkina Faso, des sites d’orpaillage artisanaux constituent désormais une des cibles favorites des groupes terroristes. Depuis 2016, les mouvements armés dans le Sahel, s’emparent de ces sites dans les endroits isolés où l’Etat n’est pas présent pour exercer un quelconque contrôle.
C’est notamment le cas dans la région de Kidal au Mali, la région de Tillabéri au Niger et dans le nord du Burkina Faso où ces groupes gagnent du terrain, selon le rapport.
En général, les Etats sahéliens recourent à la sous-traitance de la sécurité des sites miniers. Des acteurs privés sont sollicités pour contrôler les zones aurifères, mais le risque est de voir ces derniers (qui sont parfois des entités traditionnelles ou des milices d’autodéfense) s’autonomiser et être tentés de mettre eux-mêmes la main sur les ressources minières placées sous leur supervision.
S’agissant des groupes terroristes, certains seraient déjà en action pour bénéficier de la manne minière. Au nord de Kidal, des mouvements jihadistes prélèvent la zakat (une aumône inscrite par le Coran). Dans le Soum, au nord du Burkina, des orpailleurs payent des groupes armés en échange d’une protection.
Estimant que les acteurs privés ne sont ni formés ni équipés à remplir les missions de surveillance, l’ICG recommande, entre autres, aux Etats extracteurs de mieux assumer la sécurisation des sites avec leurs armées et leurs polices. Il s’agira aussi de formaliser davantage l’orpaillage pour mieux contrôler la production et éviter les financements de réseaux criminels.
Au niveau international, le rapport indique que «la question des circuits transnationaux de commercialisation est essentielle».