Une nouvelle manifestation de l’opposition a été dispersée par des gendarmes et policiers guinéens jeudi à Conakry, faisant un mort par balle, d’après la famille de la victime et un médecin.
A l’appel du front national pour la défense de la Constitution (FNDC), un flot de Guinéens vêtus de rouge, couleur de l’opposition, s’est à nouveau déployé dans les rues de la capitale comme dans plusieurs villes du pays pour une série de mobilisation lancée le 14 octobre.
Un mois après le début d’une contestation qui a déjà fait une quinzaine de morts, des heurts ont éclaté quand les manifestants ont tenté de dévier de l’itinéraire fixé par les autorités.
Alpha Souleymane Diallo, 19 ans, a été pris dans des affrontements après son retour de la manifestation et, quand il s’est mis à fuir, a fait face à des policiers qui lui ont tiré deux balles dans la poitrine, selon le témoignage de ses camarades cités par son frère aîné Boubacar.
Les forces de sécurité déployées en nombre le long du parcours les ont repoussés à l’aide de moyens anti-émeutes et ont fait usage de gaz lacrymogène, provoquant la débandade du cortège. Les accrochages se sont ensuite étendus à plusieurs quartiers périphériques de la capitale, qui résonnaient de détonations, apparemment des tirs de bombes lacrymogènes.
Le ministère de la Sécurité a indiqué dans un communiqué qu’un groupe de manifestants avait tenté de forcer le barrage policier et caillassé les forces de sécurité. Après deux coups de sommations, les policiers ont tiré des lacrymogènes pour repousser les manifestants qui, dans leur fuite, s’en sont pris à cinq bus publics, a-t-il dit.
Le FNDC appelle à faire barrage aux intentions du président sortant Alpha de briguer un troisième mandat en 2020 et de réviser dans ce but la Constitution, qui limite actuellement à deux le nombre de mandats présidentiels en Guinée.
Les incidents de jeudi sont survenus au lendemain de la publication d’un rapport d’Amnesty International qui dénonce l’usage excessif de la force, les interdictions de manifestations pacifiques, les arrestations «massives et arbitraires», les cas de torture et l’impunité des forces de sécurité ces dernières années.