Le président tanzanien Jakaya Kikwete a procédé à un petit remaniement gouvernemental, peu après l’éclatement d’un scandale de détournement de fonds publics.
La première victime de ce coup de balai est la ministre des Territoires, du Logement et du Développement des habitations humaines, Anna Tibaijuka, que le président a démis de ses fonctions. La ministre reconnaît avoir reçu un million de dollars d’une entreprise présumée impliquée dans le scandale, mais elle se défend en affirmant qu’il ne s’agit pas de corruption, mais d’un don destiné à la fondation qu’elle a créée en faveur de la scolarité des filles.
Mais le président Kikwete ne l’entend pas de cette oreille. Lors d’une émission télévisée, il a martelé que «ce que la ministre a fait est contraire à la déontologie d’un fonctionnaire ». Et Kikwete de se demander «comment quelqu’un peut-il permettre que tout cet argent soit déposé sur son compte privé par un homme d’affaires? ». Pour le chef de l’Etat «cette ministre doit se retirer» de son poste.
Ce premier limogeage est intervenu hier lundi, dans le cadre d’une affaire de corruption dans le secteur énergétique impliquant plusieurs autres hauts responsables.
Une enquête est en cours pour identifier les coupables de ce scandale financier.
D’autres grosses têtes vont tomber après Anna Tibaijuka qui a été la première à payer la note de cette malversation portant sur des pots de vin et le détournement d’environ 120 millions de dollars des fonds publics.
Le ministre de l’énergie Sospeter Muhongo et le secrétaire permanent du ministère de l’énergie et des Ressources minérales devraient connaître leur sort sous peu.
L’opération anti-corruption initiée par le président Kikwete est consécutive aux recommandations formulées par une commission d’enquête parlementaire qui a aussi pointé du doigt le Procureur général de Tanzanie qui a fini par démissionner.
Comme on pouvait s’y attendre, suite à ce scandale, des bailleurs de fonds ont déjà commencé à agiter la menace de geler leur future aide.
Il y a une dizaine de jours, les Etats-Unis, un des principaux pourvoyeurs de fonds d’aide pour la Tanzanie, avaient clairement signifié aux autorités tanzaniennes que la poursuite de leur soutien était conditionnée par les progrès dont le pays devait faire preuve en matière de lutte contre la corruption.