Human Rights Watch s’indigne de voir des groupes armés continuer à tuer et terroriser des populations au Mali en toute impunité, et a appelé, lundi, les autorités de ce pays à mettre fin à la quasi impunité en poursuivant les auteurs des attaques meurtrières.
Dans un rapport, basé sur des interviews avec près de 150 victimes et témoins d’exactions, l’ONG rapporte qu’au moins 456 personnes civiles auraient été tuées et des centaines d’autres blessées au cours d’attaques de groupes armés en 2019, dans le centre du Mali. De nombreux villageois auraient été brûlés vifs, tandis que d’autres étaient tués par des engins explosifs.
« Des groupes armés tuent, mutilent et terrorisent des communautés dans tout le centre du Mali sans aucune crainte apparente d’être tenus pour responsables », a déploré Corinne Dufka, directrice pour l’Afrique de l’Ouest à Human Rights Watch, et auteure du rapport.
Pour elle, « le fait que le gouvernement malien n’ait pas puni les groupes armés de toutes parts encourage ceux-ci à commettre de nouvelles atrocités ». D’où la nécessité pour les autorités de « faire beaucoup plus », avec l’aide des partenaires internationaux, « pour poursuivre les responsables de crimes et démanteler les groupes armés violents », a-t-elle suggéré.
Si les tribunaux ont ouvert l’an dernier plusieurs enquêtes et condamné « environ 45 personnes au motif d’incidents moins graves de violences communautaires », « les autorités judiciaires n’ont toujours pas interrogé, et encore moins poursuivi en justice, les puissants leaders de groupes armés impliqués dans de nombreux massacres », dénonce le rapport.
La publication du rapport de l’ONG de défense des droits de l’homme coïncide avec des déclarations dans lesquelles le président malien, Ibrahim Boubacar Keïta, admet avoir établi un contact avec les groupes djihadistes qui sévissent au Sahel. Il aurait confié cette mission à un de ses prédécesseurs, Dioncounda Traoré, et serait encore en attente des résultats.
Keïta a justifié cette démarche par la nécessité d’explorer les voies d’une sortie de crise après huit années de guerre, tout en soulignant que l’initiative faisait partie des recommandations issues d’un récent dialogue national. Pourtant des hauts dirigeants maliens ont toujours officiellement rejeté, jusqu’à présent, ce dialogue.
Combattre les groupes djihadistes et dialoguer avec eux n’est pas antinomique, a affirmé le chef de l’Etat.