La république centrafricaine est depuis deux ans, le théâtre de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité et d’un nettoyage ethnique parmi la population musulmane, déplore une commission d’enquête de l’ONU.
Sans l’intervention internationale, un génocide aurait été inévitable en Centrafrique, relève la commission d’enquête dans son rapport final publié ce jeudi, au terme de plus de huit mois d’investigations sur le terrain.
Pour les crimes commis dans ce petit pays enclavé, les enquêteurs de l’ONU pointent du doigt aussi bien les milices anti-balaka a majorité chrétienne que l’ex-rebellion Séléka à majorité musulmane, qui avait pris le pouvoir en mars 2013.
Dans son rapport final de 127 pages, transmis en décembre au Conseil de Sécurité, la commission détaille une longue série d’exactions: viols, meurtres, recrutement d’enfants-soldats, torture et incendies d’habitations. D’ailleurs, le recrutement d’enfants-soldat avait fait récemment, la Une de la presse internationale et continentale.
Le rapport fait également état d’un nettoyage ethnique de la population musulmane par les anti-Balaka chrétiens. « Bien que la commission ne puisse conclure qu’il y a eu génocide », soulignent les enquêteurs, « le nettoyage ethnique de la population musulmane par les anti-balaka constitue un crime contre l’humanité ».
Dans ce rapport, le deuxième depuis sa création en janvier 2014, la commission onusienne qui a entamé ses enquêtes en avril dernier, avait déjà remis au Conseil de sécurité, un premier rapport en juin, dont les conclusions ont été confirmées par le rapport final.
Bien que les diverses estimations avancées font état de 3.000 à 6.000 tués depuis 2013, la commission considère que ces chiffres ne traduisent pas réellement l’ampleur des tueries. Les affrontements interethniques en Centrafrique auraient fait plus de 6.000 morts, soutient la Commission, appelant les autorités du pays à « mettre fin à l’impunité ».
L’action menée sur le terrain par les forces de l’Union africaine, les forces françaises ainsi que la mission de l’ONU en RCA (MINUSCA), ajoute le rapport, ont apparemment permis d’éviter un vrai génocide dans le pays.
« Des violations des droits de l’homme ont été commises par toutes les parties », conclut la commission qui recommande aux tribunaux de la RCA et à la Cour Pénale Internationale (CPI) de s’impliquer ouvertement pour combattre l’impunité et établir les responsabilités.