Le procureur du Mécanisme des tribunaux pénaux internationaux (MTPI) a demandé mercredi, le transfert temporaire à La Haye, aux Pays-Bas, et non pas à Arusha, du supposé financier du génocide rwandais, Félicien Kabuga, arrêté samedi en France après 25 ans de cavale.
«L’accusation demande au président de modifier d’urgence le mandat d’arrêt et l’ordonnance de transfèrement de Félicien Kabuga afin de permettre un transfert temporaire à la branche de La Haye du mécanisme au lieu de la branche d’Arusha, compte tenu de la pandémie actuelle de Covid-19», a déclaré le procureur du MTPI, Serge Brammertz, dans un document remis au président du Mécanisme.
Kabuga, détenu à la prison de la Santé à Paris, a comparu mercredi pour la première fois publiquement devant la justice et fait savoir qu’il voulait « être jugé en France ». Il doit de nouveau comparaître le 27 mai.
La chambre d’instruction de la cour d’appel de Paris doit examiner la validité du mandat d’arrêt émis par le MTPI – la structure chargée d’achever les travaux du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) – puis émettre un avis, favorable ou non, sur sa remise.
Classé parmi les fugitifs les plus recherchés au monde, le financier présumé du génocide rwandais Félicien Kabuga a été arrêté samedi matin près de Paris et écroué après vingt-cinq ans de cavale.
Agé de 84 ans, M. Kabuga, qui résidait à Asnières-sur-Seine (Hauts-de-Seine) sous une fausse identité, est notamment accusé d’avoir créé les milices Interahamwe, principaux bras armés du génocide de 1994 qui fit 800.000 morts selon l’ONU. Il est mis en accusation par le MTPI pour, notamment, «génocide», «incitation directe et publique à commettre le génocide» et «crimes contre l’humanité (persécutions et extermination)».