Les attaques et enlèvements contre les humanitaires travaillant dans les deux régions anglophones du Cameroun, en proie à un conflit séparatiste depuis trois ans, se sont intensifiées ces derniers mois, ont dénoncé jeudi l’ONU et Human Rights Watch (HRW).
Dans un communiqué publié jeudi, la coordonnatrice humanitaire des Nations unies au Cameroun, Allegra Baiocchi, dit être « profondément préoccupée par l’intensification du harcèlement, des attaques, des enlèvements et extorsions dont sont victimes les travailleurs humanitaires dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-ouest du Cameroun ».
«La situation a atteint un point où l’aide humanitaire délivrée sur le terrain a dû être diminuée, mettant de nombreuses vies en danger», a déploré HRW, précisant que huit travailleurs humanitaires ont été enlevés samedi dernier, dans deux incidents différents.
Depuis avril, des employés de six différentes agences humanitaires ont été victimes d’enlèvements ou ont été détenus illégalement dans des incidents mettant leur vie en danger, rapporte l’ONG. De l’autre côté, les forces régulières camerounaises sont accusées d’avoir « retardé » le fret humanitaire.
Abordant dans le même sens, l’ONU dénonce dans un communiqué, les barrages illégaux installés par les groupes armés sur les routes, qui se sont multipliés ces derniers mois tout comme les enlèvements.
En pleine propagation du coronavirus au Cameroun, les Nations Unies avaient pourtant appelé début mars à un cessez-le-feu dans ces deux régions pour mieux combattre l’épidémie, un appel est resté lettre morte sur le terrain.
Depuis près de trois ans, des groupes séparatistes et l’armée s’affrontent dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun, où vit l’essentiel de la minorité anglophone, qui s’estime marginalisée.
Une partie des anglophones a pris les armes contre Yaoundé et réclame l’indépendance de ce territoire. Les combats, mais aussi les exactions et meurtres commis contre des civils par les deux camps, ont fait plus de 3.000 morts et forcé plus de 700.000 personnes à fuir leur domicile.