Le gouvernement zimbabwéen a accusé samedi un journaliste lanceur d’alerte, maintenu en détention, de tentative de coup d’Etat avec le soutien des Etats-Unis et d’ «autres puissances étrangères».
La ministre de l’Information Monica Mutsvangwa a déclaré dans un communiqué que le journaliste Hopewell Chin’ono «n’a pas été arrêté pour avoir révélé des cas de corruption». «Il a été arrêté pour avoir incité, sur les réseaux sociaux, les Zimbabwéens à renverser le gouvernement par la violence». Elle accuse également «des puissances étrangères» d’avoir participé à «ce complot», soulignant que l’ambassade américaine avait défendu M. Chin’ono dans un tweet, immédiatement après son arrestation.
Arrêté lundi à Harare, M. Chin’ono a révélé récemment des scandales de corruption dans le cadre de la lutte contre la pandémie de Covid-19 au Zimbabwe qui ont conduit au limogeage, début juillet, du ministre de la Santé Obadiah Moyo. Le même jour, Jacob Ngarivhume, qui dirige le parti d’opposition Transformer le Zimbabwe, a été arrêté pour incitation publique à la violence en appelant à manifester le 31 juillet. Ce dernier a appelé à une mobilisation nationale contre la corruption au sein de l’Etat et la situation économique au Zimbabwe, et M. Chin’ono a lancé des appels sur ses comptes Facebook et Twitter. La justice zimbabwéenne a refusé leur demande de libération conditionnelle.
Le gouvernement d’Emmerson Mnangagwa, qui a succédé fin 2017 au régime de fer de Robert Mugabe, est régulièrement dénoncé par les ONG de défense des droits humains et les capitales étrangères pour les exactions de ses forces de sécurité.
En mai dernier, le principale parti d’opposition MDC avait accusé la police d’avoir arrêté, frappé et torturé trois de ses jeunes responsables. Le secrétaire d’Etat à l’Information Nick Mangwana a nié ces accusations du MDC. Les manifestations au Zimbabwe ont de fait été interdites par le couvre-feu et la réintroduction de mesures de confinement décrétées cette semaine par le président Emmerson Mnangagwa, officiellement pour lutter contre la pandémie de Covid-19. Le Haut-commissariat aux droits de l’Homme de l’ONU a demandé vendredi aux autorités zimbabwéennes de ne pas utiliser la lutte contre le Covid-19 pour réprimer les libertés.