La Cour Suprême du Burundi a condamné mardi par contumace, l’ancien président Pierre Buyoya, et actuel représentant de l’Union africaine pour le Mali et le Sahel, à la prison à vie, pour l’assassinat du Président Melchior Ndadaye en 1993.
Accusé d’ « attentat contre le chef de l’Etat, attentat contre l’autorité de l’Etat et attentat tendant à porter le massacre et dévastation », l’ancien dirigeant, réagissant à ce verdict, a dénoncé un « simulacre » de procès « purement politique ».
Quinze anciens hauts gradés de l’armée burundaise et hautes autorités ont été également condamnées à perpétuité, dans la même affaire, tandis que trois accusés ont écopé d’une peine de 20 ans de prison. Un seul prévenu a été acquitté, notamment l’ancien Premier ministre Antoine Nduwayo.
Dans un communiqué conjoint, Buyoya et ses co-prévenus, indiquent que « Dans la parodie de justice relative au dossier RPS/97 sur l’assassinat du Président Melchior Ndadaye, en cours depuis bientôt deux ans, la Cour suprême du Burundi vient de décider, sans surprise par ailleurs, de condamner vingt anciennes personnalités à de lourdes peines, allant de vingt ans de servitude pénale à la prison à perpétuité ». « Nous rejetons ces jugements qui ne sauraient en aucun cas nous engager », martèlent-ils.
Pierre Buyoya avait premièrement régné sur le Burundi entre 1987 et 1993, après avoir renversé le président Jean-Baptiste Bagaza. En 1993, la première élection présidentielle au suffrage universel de l’histoire du pays, avait porté, pour la première fois, un Hutu au pouvoir, en la personne de Melchior Ndadaye qui ne dirigera le pays que pendant quatre mois.
L’assassinat de Ndadaye avait entraîné une guerre civile atroce dans le pays, soldée par 300 000 morts. Son successeur, Cyprien Ntaryamira, avait péri dans l’attentat contre l’avion du Président rwandais Juvenal Habyarimana, en avril 1994 à Kigali.
Buyoya était revenu au pouvoir en 1996, à l’issue d’un autre coup d’Etat, cette fois-ci contre Sylvestre Ntibantunganya. Il avait cédé le pouvoir à Domitien Ndayizeye en 2003, en vertu d’un accord de paix signé en 2000 à Arusha (Tanzanie).