Le congolais Denis Mukwege, Prix Nobel de la Paix 2018, a été reçu lundi par le président Félix Tshisekedi au Palais de la nation à Kinshasa, dans le cadre de ses consultations engagées en vue de sortir la République démocratique du Congo (RDC) de la crise sociopolitique qu’elle traverse.
Le Dr Mukwege a proposé au chef de l’Etat quatre pistes de solution, selon sa déclaration faite à la presse à l’issue de l’entretien. Il s’agit premièrement de rompre avec le passé dans l’espoir de construire un meilleur avenir. Cette « rupture doit se faire avec un système de gouvernance qui a conduit notre pays au chaos », avec tous ceux qui ont commis des violations de droits humains, crimes de sang et crimes économiques, a précisé ce médecin gynécologue.
Il est aussi question de lutter contre l’impunité. Pour lui, ce combat « passera par la mise en œuvre des recommandations du rapport Mapping. Il y a nécessité de faire une nouvelle cartographie qui va permettre de cartographier tous les crimes commis depuis 2003 jusqu’à ce jour ».
Répondant à une question sur la coalition au pouvoir qui comprend la plateforme de l’ancien président Joseph Kabila, ce militant des droits de l’homme a indiqué que « la coalition ne doit pas être une oasis où se cachent les criminels (…) S’il y a des personnes au sein de la coalition qui ont commis des crimes, il faudra qu’ils répondent de ces crimes ».
Mukwege a plaidé également pour une justice transitionnelle avec des mécanismes de poursuite de jugements internationaux et nationaux. Pour cela, il a demandé au chef de l’Etat de s’impliquer personnellement, en saisissant le Secrétaire général des Nations-Unies pour obtenir la création d’un Tribunal Pénal pour la RDC.
Les réformes institutionnelles courageuses et ambitieuses constituent une autre proposition du prix Nobel congolais qui estime que sans ces réformes, il sera difficile que la RDC décolle.
Le Dr Mukwege, responsable de la clinique Panzi dans l’est de la RDC, milite depuis des années pour la création d’un tribunal pénal international pour la RDC afin de juger les auteurs des crimes commis contre la population civile, et fait l’objet, pour cela, de menaces de mort. La Mission de l’ONU en RDC (MONUSCO) assure sa sécurité.