La Cour africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP) a demandé à l’Etat béninois, dans un arrêt rendu le 27 novembre, l’abrogation de la nouvelle Constitution avant la présidentielle d’avril 2021, estimant que la révision constitutionnelle intervenue en novembre 2019 s’est faite en violation de la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance, et de son «principe de consensus national».
Vraisemblablement, le pouvoir de Porto Novo oppose une fin de non recevoir à la décision de la juridiction africaine, comme cela a été d’ailleurs le cas avec d’autres arrêts ayant poussé l’Etat béninois à parler d’«immixtion» dans les affaires intérieures du pays.
«Le président de la République rassure du respect de l’engagement contenu dans le serment qu’il a prononcé le 6 avril 2016 à savoir respecter et défendre la constitution que le peuple béninois s’est librement donnée», a déclaré mercredi Alain Orounla, porte-parole du gouvernement.
Il a indiqué que la révision de la Constitution «est une initiative parlementaire approuvée par l’unanimité des députés , tout en relevant des avancées apportées par cet amendement, dont l’irrévocabilité de la limitation du mandat présidentiel, le financement public effectif des partis politiques, le parrainage des candidats à la présidentielle et l’abolition de la peine de mort.
Le porte-parole reste convaincu que la nouvelle Constitution ne constitue en aucune manière, un recul de la démocratie. Elle n’est pas « une remise en cause, ni même comme un recul des acquis démocratiques mais plutôt comme le prolongement, le préalable nécessaire au renforcement de l’Etat de droit et au développement complet des Béninoises et des Béninois », a-t-il martelé pour rassurer l’opinion publique.
La CADHP avait été saisie par un citoyen béninois reprochant aux autorités d’avoir, entre autres, adopté « clandestinement et en urgence » la nouvelle Constitution « par un Parlement qui n’est pas représentatif de la population béninoise ».
Le Bénin s’était retiré fin avril du protocole additionnel permettant aux particuliers de saisir la Cour africaine, suite à certaines décisions prises par cette juridiction en défaveur du Bénin.