La décision de la Commission nationale électorale nigériane (INEC) de reporter au 28 mars les élections présidentielle et législatives, n’a pas été accueillie favorablement par les Etats-Unis. Alors que l’INEC a avancé les raisons de sécurité pour justifier ce report, Washington, par l’intermédiaire de son secrétaire d’Etat, John Kerry, parle de «prétexte pour entraver le processus démocratique».
C’est le samedi 7 février, à sept jours du vote initialement fixé au 14 février, que l’INEC a annoncé ce report. La commission électorale a expliqué avoir reçu des demandes officielles relatant le risque de ne pas sécuriser le vote, étant donné que les forces de défense sont engagées dans les combats contre le groupe islamiste armé Boko Haram.
Des opposants au régime du président Jonathan Goodluck, la société civile, ainsi que des observateurs n’ont accordé aucun crédit à cet argument officiel jugé purement politique. Muhammadu Buhari, du Congrès progressiste (ACP, principale formation de l’opposition), parle du sabotage du processus électoral, tout en appelant ses partisans au calme.
Certains observateurs avancent que les difficultés dans la distribution des cartes d’électeurs (69 millions de Nigérians inscrits sur les listes sur une population globale de 173 millions d’habitants) auraient pu constituer un motif valable de report, plutôt que la question sécuritaire qui ne sera pas totalement résolue à la prochaine échéance.
Notons, en passant, que l’Union africaine vient de décider de mobiliser 8700 soldats pour traquer Boko Haram qui continue d’opérer au Nigeria et dans des pays voisins.
Ban Ki-moon, secrétaire général de l’ONU, a interpellé, dans un communiqué, à garantir «des élections crédibles, libres et transparentes», et à assurer une large distribution des cartes électorales. Il exhorte aussi le président Goodluck et son opposant Buhari, à respecter les accords d’Abuja qui les engagent à la tolérance pendant les élections.
Mis devant le fait accompli, Washington met en garde contre les nouveaux reports.