Au lendemain de l’échec des négociations autour du Grand barrage de la Renaissance (GERD) tenues à Kinshasa, les autorités éthiopiennes ont affiché, mercredi, leur détermination à continuer à remplir le réservoir de leur barrage construit sur le Nil bleu.
Lors d’une conférence de presse, le ministre éthiopien de l’Eau, Seleshi Bekele a indiqué qu’«à mesure que la construction avance, le remplissage a lieu (…) Nous n’y renonçons en rien».
Après une première phase des opérations de remplissage, ayant permis d’atteindre l’objectif de 4,9 milliards de m3 en 2020, Addis-Abeba vise cette année 13,5 milliards de m3 supplémentaires, pendant la prochaine saison des pluies qui commencera en juin ou en juillet.
Si depuis le début des travaux du barrage en 2011, l’Egypte et le Soudan tenaient à la conclusion d’un accord tripartite sur le fonctionnement du barrage, avant le début du remplissage, l’Ethiopie soutient que ce remplissage fait partie intégrante de la construction de l’infrastructure et ne peut, dans ce cas, être retardé.
Les réactions de Khartoum et du Caire n’ont pas tardé après la sortie médiatique de Bekele. Le ministre soudanais de l’Irrigation, Yasser Abbas, a déclaré qu’au cas où «l’Ethiopie entreprend le deuxième remplissage sans accord, toutes les options sont possibles» pour le Soudan, «y compris le retour au Conseil de sécurité (et) la voie d’un durcissement politique».
De son côté, le chef d’Etat égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, qui, le mois dernier, avait évoqué une «instabilité inimaginable» dans la région si le barrage faisait perdre «une goutte d’eau» à son pays, a mis aussi sur la table toutes les options possibles.
«Je dis à nos frères éthiopiens: ne touchez pas à une goutte de l’eau de l’Egypte parce que toutes les options sont ouvertes», a-t-il menacé.
Une réunion entre les ministres des Affaires étrangères de l’Egypte, du Soudan et de l’Ethiopie, a eu lieu du 4 au 6 avril dans la capitale de la République démocratique du Congo (RDC), sous les auspices du président congolais Félix Tshisekedi, président en exercice de l’Union africaine (UA), mais ces discussions n’ont pas abouti à un accord accentuant un peu plus la tension entre les trois pays riverains du Nil.