L’Agence française d’Aide à la Coopération Technique et au Développement (ACTED), a reçu l’ordre du gouverneur de la région de Diffa, Issa Lémine, de suspendre «jusqu’à nouvel ordre», ses activités dans cette région du sud-est du Niger.
Dans une correspondance adressée à l’ONG, Issa Lémine a justifié sa décision en soulignant qu’«il semble que votre organisation mène des activités qui sont en contradiction avec son statut et le cadre de partenariat qui la lie à l’État du Niger. Ainsi, il m’a été rapporté à plusieurs reprises par des sources vérifiées, que l’ONG Acted entretient des connexions douteuses et subversives avec une organisation terroriste».
«Pour clarifier cette situation, a-t-il dit, nous sommes dans l’obligation de prendre des mesures conservatoires et mener une enquête préliminaire au niveau local avant de transmettre le rapport à Niamey au ministère qui statuera définitivement» sur cette question.
ACTED qui s’active dans le pays depuis 2010, a démenti tous les faits qui lui sont reprochés et son avocat a dit espérer que son client « pourra rapidement reprendre ses activités en faveur des centaines de milliers de déplacés de la région». C’est la première fois que les activités d’une ONG humanitaire font l’objet d’une suspension provisoire au Niger.
Dans la région de Diffa, théâtre d’attaques jihadistes, l’ONG française vient particulièrement en aide aux populations déplacées, ayant fui les atrocités du groupe terroriste Boko Haram et de sa branche dissidente, l’Etat islamique en Afrique de l’Ouest (Iswap).
En août dernier, l’ONG avait perdu six humanitaires français, tués avec leur chauffeur et leur guide nigériens par des hommes armés non identifiés, dans la zone touristique de Kouré, proche de la capitale Niamey. L’attaque, revendiquée par l’EI, avait occasionné une suspension temporaire du travail d’Acted.