Il y a presque trois décennies, le 29 Juin 1992, était assassiné à Annaba, le président algérien Mohamed Boudiaf, par un militaire de sa garde personnelle qui a vidé le chargeur de son arme dans le dos de l’un des chefs historiques de la révolution algérienne.
Après avoir fui le régime de Houari Boumediene qui liquidait les opposants à tour de bras, Boudiaf était rentré en Algérie six mois plus tôt d’un long exil au Maroc pour être porté à la tête de l’État. Mais, c’est cette « proximité » de Boudiaf avec le Maroc voisin qui a été à l’origine de sa liquidation par les généraux.
En 1992, les chefs de la junte militaire ont été affolés par le projet de Boudiaf d’opérer un rapprochement entre l’Algérie et le Maroc, de régler la question du Sahara et de se débarrasser du polisario. Autant d’objectifs que le président Boudiaf considérait comme des préalables naturels au projet de l’Union du Maghreb auquel il croyait sincèrement.
Après son assassinat, tous les regards s’étaient automatiquement tournés vers l’armée, vue comme le commanditaire de cet assassinat politique, mais la justice algérienne s’était empressée de classer sans suite un crime qu’elle a qualifié d’«acte isolé».
Aujourd’hui, presque 30 ans après, la haine que nourrit le régime militaire à façade civile à l’égard du Maroc semble encore plus grande. Elle est alimentée par l’animosité pernicieuse du général Said Chengriha et, accessoirement, par la méchanceté crasse du président Abdelmajid Tebboune.
En tout cas, cet acharnement dans l’hostilité représente un acte d’accusation a posteriori contre la junte pour l’assassinat d’un président indépendant qui voulait débarrasser l’Algérie de l’emprise mortifère des généraux.