Un engouement sans précédent marque la campagne pour les élections générales (législatives, régionales et locales) du 8 septembre au sein des forces politiques marocaines, un scrutin qui est également suivi avec beaucoup d’attention par les partenaires étrangers du Maroc, et particulièrement les pays de l’Union européenne, pour qui ces élections renforcent les institutions démocratiques du Royaume et son rôle de pôle de stabilité dans le Sud de la méditerranée.
Cet engouement est toutefois à relativiser pour le parti islamiste du PJD, qui sort exsangue d’une gestion confuse après dix ans aux affaires. Rattrapée par l’usure du pouvoir et une gestion peu convaincante, la formation islamiste du chef du gouvernement, Saad Eddine El Otmani, aborde ainsi le scrutin du 8 septembre dans le doute.
L’essoufflement de la formation islamiste a été amèrement vécu par le PJD lors des élections aux Chambres professionnelles du mois d’août dernier. Le parti islamiste a essuyé une débâcle qui ne tient cependant pas à des raisons idéologiques ou partisanes, mais essentiellement à l’échec des ministres islamistes dans la gestion des secteurs économiques et sociaux dont ils avaient la charge.
Pourtant, cette image d’incertitude des islamistes contraste fortement avec le volontarisme affiché par son principal rival, le parti libéral du RNI, présidé par le milliardaire Aziz Akhannouch. L’ardeur de ce dernier paraît en phase avec l’étape actuelle, où le Maroc prépare sa reprise économique après la bataille de la Covid-19. L’effort déployé par l’Etat en termes de protection sociale et de soutien aux secteurs économiques les plus impactés par la crise sanitaire a été unanimement salué.
Un effort qui a aussi valu au Royaume la reconnaissance de l’OMS, puisque près de 20 millions de personnes ont été vaccinées jusqu’à présent sur une population d’environ 35 millions, une prouesse au niveau africain.
Aux côtés de ces deux partis, d’autres forces politiques devraient tirer leur épingle du jeu, notamment le vieux parti nationaliste l’Istiqlal et le moderniste PAM. Mais ces élections ne dérogeront pas à la règle et, en l’absence d’un parti franchement majoritaire, elles devraient probablement aboutir à un gouvernement de coalition qui prolongera une vieille tradition de consensus politique.