La Commission onusienne des droits de l’homme sur le Soudan du Sud déplore, dans son dernier rapport présenté jeudi au Conseil des droits de l’homme à Genève, le détournement de plus de 73 millions de dollars depuis 2018, par des élites de ce pays d’Afrique de l’Est, dont 39 millions en moins de deux mois.
«Dans un seul exemple emblématique, des transactions d’une valeur d’environ 39 millions de dollars américains ont été détournées sur une période de moins de deux mois », dénoncent les enquêteurs onusiens qui précisent que ces montants ne représentent qu’une «fraction du montant global pillé» et la partie visible de l’iceberg.
La Présidente de la Commission, Yasmin Sooka pointe du doigt un système très informel de collecte des revenus pétroliers, adopté délibérément par les élites sud-soudanaises, dans lequel l’absence de contrôle indépendant et de transparence facilite et permet le détournement de fonds publics.
Pour les enquêteurs, « le détournement systématique et illicite des ressources » de l’Etat sape les droits de l’homme fondamentaux et la stabilité du pays.
Alors que le Soudan du Sud fait face à une guerre civile depuis 2013, les experts de l’ONU estiment que le pillage des ressources alimente « la compétition politique entre les élites et constitue un moteur essentiel du conflit en cours, des violations et des crimes graves, compromettant les perspectives de paix durable.
Le rapport met en cause des politiciens, fonctionnaires du gouvernement, sociétés internationales, militaires et des banques multinationales qui seraient impliqués dans ces détournements et crimes.
La Commission onusienne a rappelé que Juba est lié par la Convention des Nations Unies contre la corruption et, par conséquent, « d’autres Etats parties à cette convention peuvent être obligés de rapatrier des fonds provenant du Soudan du Sud et utilisés illicitement pour acheter des biens immobiliers à l’étranger ».