L’organisation Human Rights Watch a dénoncé jeudi la multiplication en Tunisie, des poursuites judiciaires qui s’appuient sur des lois «répressives» contre les voix critiques du coup de force du président Kais Saied.
«Les autorités tunisiennes poursuivent des citoyens devant des tribunaux militaires et civils et les emprisonnent pour avoir critiqué publiquement le président Kais Saied et d’autres responsables», a affirmé dans un communiqué l’organisation de défense des droits humains.
Selon elle, «en s’appuyant sur les lois répressives promulguées avant la révolution (…) les procureurs s’attaquent à ceux qui critiquent le président Saied» et «sa saisie de pouvoirs exceptionnels».
Selon Eric Goldstein, directeur par intérim de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à HRW, «critiquer publiquement le président à la suite de son accaparement de pouvoirs additionnels», à partir du 25 juillet, «c’est prendre le risque de finir devant un tribunal».
Saied a limogé le Premier ministre, suspendu les activités du Parlement et s’est accaparé du pouvoir judiciaire. Des députés, militants sur les réseaux sociaux et des personnalités politiques ont été poursuivis par des tribunaux militaires ou civils après avoir critiqué publiquement la politique de l’actuel président et son mode de gouvernance.
Mercredi dernier, l’ancien président Moncef Marzouki a été condamné par contumace à quatre ans de prison par un tribunal Tunis, pour avoir soi-disant «porté atteinte à la sûreté de l’Etat à l’étranger» après des déclarations en France critiquant publiquement le président Saied.
Par ailleurs, l’initiative « Citoyens contre le coup d’Etat », lancée par des opposants au coup de force de Kais Saied, a annoncé jeudi dernier que des députés suspendus et des personnalités politiques ont décidé d’entamer une grève de la faim pour protester contre une «oppression flagrante et une abolition complète des libertés» dans le pays.