«Des soupçons de terrorisme dans le dossier» ont justifié l’arrestation vendredi dernier, de l’homme fort du parti tunisien d’inspiration islamiste Ennahdha, Noureddine Bhiri, a déclaré lundi soir, le ministre tunisien de l’Intérieur, Taoufik Charfeddine.
«Il y avait des craintes d’acte terroriste touchant à la sécurité du pays, il fallait réagir», a expliqué le ministre, précisant avoir transmis des «procès-verbaux» au ministère de la Justice et au parquet qui «ont tardé» à prendre des mesures.
Le ministre de l’intérieur a dit que le dossier caractérisé par des «soupçons graves», porte notamment sur «la fabrication et remise» de faux papiers d’identité et certificats de nationalité, au profit entre autres d’une Syrienne.
Selon une délégation de l’Instance de prévention de la torture (INPT) et du Haut Commissariat de l’ONU aux droits de l’Homme qui lui a rendu visite, Bhiri est hospitalisé depuis dimanche «sous surveillance rapprochée en cardiologie» à Bizerte (nord), car il est atteint de plusieurs maladies chroniques.
Le parti Ennahdha et son épouse avaient affirmé peu avant, que Bhiri était en «état critique, en réanimation et qu’il y avait des menaces pour sa vie».
Dès samedi, l’INPT et le comité de défense de Bhiri avaient dénoncé son placement en détention dans un lieu secret et l’absence de motivations claires au sujet de son arrestation.
Le ministère de l’intérieur avait uniquement annoncé vendredi deux assignations à résidence, sans donner de noms, faisant état d’une «mesure préventive dictée par la nécessité de préserver la sûreté nationale».
Lundi, Samir Dilou, avocat et député d’Ennahdha, a affirmé devant la presse que l’arrestation de Bhiri était «une affaire politique», annonçant vouloir porter plainte pour «kidnapping» contre le président Kais Saied et son ministre de l’Intérieur, Taoufik Charfeddine.