Le directeur général de l’OMS, l’éthiopien Tedros Adhanom Ghebreyesus, s’est exprimé, jeudi 13 janvier, sur la situation humanitaire au Tigré, région du nord de l’Ethiopie en proie à un conflit armé depuis plus d’un an, accusant le gouvernement d’Addis-Abeba de bloquer l’accès aux vivres pour les Tigréens.
Il est « épouvantable et inimaginable à notre époque, au 21e siècle, qu’un gouvernement refuse à son propre peuple, depuis plus d’un an, l’accès à la nourriture, aux médicaments et à tout ce qu’il faut pour survivre », a déploré cet ancien ministre éthiopien originaire du Tigré, appelant à une résolution «politique et pacifique» du conflit.
Réagissant à ses propos, le gouvernement éthiopien, qui accuse déjà Tedros de soutenir le Front de libération du Peuple du Tigré (TPLF), parti accusé de tenir tête à Addis-Abeba, a saisi l’OMS pour se plaindre de son patron.
Tedros «s’est immiscé dans les affaires intérieures de l’Ethiopie», a «répandu de fausses informations très dommageables et compromis (…) la crédibilité de l’OMS», a entre autres déclaré la diplomatie éthiopienne dans sa note, appelant aussi à l’ouverture d’une enquête pour «violation» par le patron de l’OMS, «de sa responsabilité professionnelle et légale».
Samedi 15 janvier, l’agence onusienne, reconnaissant avoir été saisie par les autorités éthiopiennes, a plutôt confirmé sa difficulté d’accéder sans entrave au Tigré en dépit de multiples demandes adressées aux autorités compétentes d’Addis-Abeba.
« L’OMS poursuivra ses appels au gouvernement éthiopien pour qu’il l’autorise à acheminer l’aide humanitaire au profit de 7 millions de personnes au Tigré, soumis à un ‘blocus de facto’ de l’aide humanitaire », indique l’agence dans un communiqué.
De son côté, le Programme alimentaire mondial (PAM) a affirmé vendredi qu’aucun de ses convois n’a atteint la capitale du Tigré, Mekelle, depuis la mi-décembre, en raison des combats intenses. L’agence a aussi alerté sur le fait que ses opérations seraient sur le point de s’arrêter faute de nourriture, de carburant et de financement.