Des juges tunisiens ont observé mercredi une grève pour protester contre la dissolution du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) par la président Kais Saied, une décision qu’ils qualifient d’«illégale».
La grève, qui doit se poursuivre jeudi, est organisée à l’appel de l’Association des magistrats tunisiens (AMT). «Selon notre compilation qui est toujours en cours, il y a eu une large réponse des magistrats, plus de 70%, à l’appel à la grève», a déclaré Anas Hamadi, le président de l’Association des magistrats tunisiens (AMT).
Une organisation importante, le Syndicat des magistrats, qui prône une réforme de la magistrature «loin des tiraillements politiques», n’a pas soutenu le mot d’ordre de grève de l’AMT.
Après avoir suspendu le Parlement élu et limogé le gouvernement en juillet, le président Saied a dissous samedi le CSM, une instance indépendante créée en 2016 pour nommer les juges, qu’il accuse de «partialité» et d’être sous l’influence du parti islamo-conservateur Ennahdha.
Saied qui accuse une partie des juges de corruption, estime que le CSM a notamment ralenti des enquêtes sur les assassinats en 2013 de deux militants de gauche, Chokri Belaid et Mohamed Brahmi.
Les ambassadeurs des pays membres du G7 et de l’Union européenne (UE) en Tunisie se sont dits mardi, dans un communiqué conjoint, «profondément préoccupés» après la décision du président tunisien Kais Saied de dissoudre un organe judiciaire clé.
Dans un communiqué publié mercredi, 45 associations et ONG, dont Avocats Sans Frontières et l’Organisation mondiale contre la Torture (OMCT), ont condamné la dissolution du CSM et rejeté «toute interférence de l’exécutif dans le fonctionnement de la justice».