Un groupe armé a fermé les vannes acheminant le pétrole brut vers des sites pétroliers en Libye, a fait savoir dimanche la Compagnie nationale de pétrole (NOC), annonçant par la même occasion la suspension de la production pétrolière dans deux gisements majeurs.
La compagnie libyenne a «déclaré l’état de force majeure », pour justifier cette suspension qui occasionnera d’importantes pertes pour ce pays très dépendant de la vente des hydrocarbures et qui connaît une grave crise politique.
La production a été stoppée après qu’un groupe armé a «fermé les vannes acheminant le brut» sur les sites d’al-Charara et al-Fil. La déclaration de l’état de force majeure permet une exonération de la responsabilité de la NOC en cas de non-respect des contrats de livraison la liant à ses clients.
«Les pertes liées à cette fermeture des vannes de pompage s’élèvent à 330.000 barils par jour et une perte quotidienne de plus de 160 millions de dinars libyens (environ 32 millions d’euros)», a déploré la NOC.
La Libye qui dispose des réserves les plus abondantes d’Afrique, tente de sortir de plus d’une décennie de chaos occasionné par l’assassinat de Mouammar Kadhafi en 2011, dans le sillage du Printemps arabe.
Au plan politique, un gouvernement parallèle intronisé par le Parlement libyen basé à Tobrouk et qui s’efforce d’évincer l’exécutif en place à Tripoli a prêté serment jeudi dernier. La présence de deux gouvernements parallèles plonge davantage le pays dans une crise institutionnelle qui rappelle les heures les plus sombres de la guerre civile en Libye.
Dans ce pays en crise, les infrastructures pétrolières sont souvent la «cible d’attaques (…) au vu et au su de tous», a déploré Mustafa Sanalla, patron de la NOC, cité dans le communiqué. «Nous en avons désormais l’habitude», a-t-il dit, en se demandant: «A qui cela profite surtout en ce moment, alors que le prix du baril a dépassé les 100 dollars?».
Le champ d’al-Charara, situé à environ 900 km au sud de Tripoli, produit en temps normal, 315.000 barils par jour, sur une production nationale de plus de 1,2 million de b/j, contre 1,5 à 1,6 million avant 2011. Il est géré par la société Akakus, une coentreprise entre la NOC, l’Espagnol Repsol, le Français Total, l’Autrichien OMV et le Norvégien Statoil.
Le champ al-Fil, situé dans le bassin de Morzouq à 750 kilomètres au sud-ouest de Tripoli, est lui géré par la coentreprise Mellitah Oil & Gas, entre la NOC et le géant italien Eni.