Human Rights Watch (HRW) a jugé non conforme «aux normes en vigueur», le procès mené contre Simone Gbagbo, l’ex-première dame ivoirienne poursuivie pour atteinte à la sureté de l’Etat durant la crise postélectorale de 2010-2011. Après le verdict du tribunal prononcé ce mardi 10 mars, condamnant Mme Gbagbo à 20 ans de prison, l’ONG de défense des droits de l’homme a affirmé, dans un communiqué daté du même jour, que «le procès contre Mme Gbagbo et quelque 80 co-accusés n’a pas été mené conformément aux normes en vigueur en matière de procès équitable».
Ce procès reste incomplet aux yeux de HRW. Jean-Marie Fardeau, Directeur France de HRW fait observer que Simone Gbagbo «n’a été condamnée que pour crimes contre l’Etat ivoirien et n’a pas été jugée pour les meurtres, viols et crimes contre l’humanité pour lesquels elle devra répondre devant la Cour pénale internationale (CPI)».
Il invite donc le gouvernement ivoirien à transférer Simone Gbagbo à la CPI pour qu’elle réponde de ses autres accusations. HRW va plus loin en réclamant aussi la traduction en justice des «responsables de crimes de guerre et crimes contre l’humanité ayant combattu pour le Président Ouattara durant la crise électorale».
Même avis de la part de l’ONU vis-à-vis des différents coupables. Dans son communiqué, réagissant à la condamnation des pro-Gbagbo, Aïchatou Mindaoudou, Représentante spéciale de l’ONU en Côte d’Ivoire (ONUCI), encourage les autorités judiciaires ivoiriennes à la poursuite des personnes impliquées dans divers crimes, durant la crise postélectorale, sans préjudice de leur appartenance politique.
Simone Gbagbo et certains de ses co-accusés ont été condamné chacun, par la Cour d’Assises d’Abidjan, à 20 ans de prison et 10 ans de privation de des droits civiques pour «complot contre l’autorité de l’Etat, participation à un mouvement insurrectionnel et troubles à l’ordre public».
Son époux, l’ex-président Laurent Gbagbo sera, lui, jugé en juillet prochain par la CPI pour des «crimes contre l’humanité».