L’ONG Human Rights Watch (HRW) a affirmé mardi dans un communiqué, que «les forces armées maliennes et les soldats étrangers associés auraient sommairement exécuté environ 300 hommes civils, dont certains seraient des combattants islamistes présumés, dans la ville de Moura, dans le centre du Mali, fin mars 2022».
L’ONG explique que ses enquêtes «ont révélé qu’au cours de plusieurs jours, avant fin mars, les forces de l’armée malienne et des soldats étrangers identifiés par plusieurs sources comme étant des Russes ont exécuté par petits groupes plusieurs centaines de personnes qui avaient été rassemblées à Moura».
Ces informations remettent en cause le communiqué de l’armée malienne publié le 1er avril, affirmant avoir tué «203 combattants de groupes armés terroristes» et arrêté 51 autres, lors d’une opération menée du 23 au 31 mars au centre du pays.
Pendant ses investigations, HRW dit s’être «entretenu avec 27 personnes au courant des meurtres, dont des témoins de la région de Moura et des commerçants, des dirigeants communautaires, des diplomates étrangers et des analystes de la sécurité».
La directrice de HRW pour la région du Sahel, Corinne Dufka, a estimé que «les exactions commises par des groupes islamistes armés ne justifient en rien le massacre délibéré de personnes en détention par l’armée» malienne.
Pour elle, «le gouvernement malien est responsable de cette atrocité, la pire au Mali depuis une décennie, qu’elle soit perpétrée par les forces maliennes ou des soldats étrangers associés», et devrait «enquêter de toute urgence et de manière impartiale sur ces massacres, y compris sur le rôle des soldats étrangers».
Des pays européens, comme la France, ont aussi condamné ces «possibles exactions» commises par des soldats maliens en compagnie de mercenaires du groupe privé russe Wagner, et réclamé une enquête indépendante.
Répondant à ces accusations, l’Etat-major malien a fait savoir que les forces armées maliennes «font l’objet d’allégations infondées d’exactions sur les populations civiles», dans l’objectif de ternir leur image, alors qu’elles sont «résolument engagées dans la lutte pour la liberté, la sécurité et la protection des populations».