Le Premier ministre somalien, Mohamed Hussein Roble, a ordonné, jeudi 7 avril, au représentant spécial de la Commission de l’Union africaine (UA) en Somalie, Francisco Madeira, de quitter le territoire national dans les 48 heures, en raison d’activités non conformes à son statut.
Madeira est déclaré «persona non grata pour s’être livré à des actes incompatibles avec son statut de représentant de la Commission de l’Union africaine», selon un communiqué du bureau du Premier ministre qui ne donne aucun détail sur ces actes.
Mais le président Mohamed Abdullahi Mohamed, dit Farmajo, s’est opposé à cette expulsion qu’il a qualifiée d’«illégale». Un communiqué de la présidence, publié quelques heures après la diffusion de la décision du Premier ministre, affirme que le chef de l’Etat «n’a reçu aucune plainte sur une ingérence dans sa souveraineté et n’approuve aucune action illégale contre l’ambassadeur Francisco Madeira».
Le texte rappelle que «Farmajo est le gardien et le garant de la souveraineté du pays» et informe que la présidence a instruit le chef de la diplomatie somalienne de «transmettre les excuses du gouvernement fédéral à l’UA pour la décision illégitime et imprudente d’un service non autorisé» à agir dans ce domaine.
Ce conflit d’autorité est la énième passe d’armes à laquelle se livrent le président et son Premier ministre. Farmajo a déjà eu à suspendre les pouvoirs de Roble Hussein, en décembre 2021, au lendemain d’un différend relatif aux élections qui peinent à être organisées, alors que le mandat du président est arrivé à échéance depuis février 2021.
Si le bureau du chef de l’Etat avait évoqué des «liens avec la corruption» pour justifier cette décision de suspension, il s’avère que, la veille, le Premier ministre avait accusé le président de saboter le processus électoral, en lui retirant la charge d’organiser les élections. Ces scrutins sont à l’origine d’une grave crise institutionnelle dans le pays.
Le diplomate Madeira, de nationalité mozambicaine représente le chef de la Commission de l’UA en Somalie depuis 2015. Son adjoint avait été renvoyé du pays quelques mois plus tôt, pour les mêmes motifs qui lui étaient reprochés.