Londres et Kigali ont signé un accord qui prévoit l’acheminement vers le territoire rwandais des demandeurs d’asiles arrivés illégalement au Royaume-Uni, ont annoncé jeudi les deux pays, à l’occasion d’une visite à Kigali de la ministre britannique de l’Intérieur, Priti Patel.
Ce sujet était en discussion depuis neuf mois entre Londres et Kigali.
L’accord s’inscrit dans le cadre de la lutte contre l’immigration illégale, une des priorités du Premier ministre Boris Johnson qui avait promis de contrôler la question de l’immigration, lors de sa campagne électorale, alors que le nombre de migrants ne cesse d’augmenter dans le Royaume-Uni.
Il s’agit pour Johnson de décourager les éventuels nouveaux arrivants, d’éviter des morts dues aux traversées dangereuses, mais aussi de n’accueillir sur le territoire britannique que «ceux qui ont vraiment besoin de protection».
Avec ledit accord, les demandeurs d’asile seront accueillis et hébergés au Rwanda pendant que leurs demandes seront examinées. Et, en cas d’un avis favorable, les concernés restent tout de même au Rwanda, avec le statut de réfugié. Selon Kigali, les personnes accueillies auront la possibilité «de s’installer de manière permanente au Rwanda » si elles «le souhaitent».
Londres débourse dans un premier temps, au profit de Kigali, un financement de l’ordre de 120 millions de livres sterling (144 millions d’euros).
Mais ce projet est fortement critiqué, surtout par des ONG d’aide aux migrants. «Les personnes fuyant la guerre, les conflits et les persécutions méritent compassion et empathie. Elles ne devraient pas être échangées comme des marchandises et transférées à l’étranger pour voir leur dossiers traités», a souligné le Haut Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) dans un communiqué.
Amnesty International, qui met en avant la violation des droits humains dans ce pays africain, dénonce une «idée scandaleusement mal conçue», susceptible d’occasionner des souffrances et de faire gaspiller d’énormes sommes d’argent public.
Le directeur général de Refugee Action, Tim Naor Hilton, a évoqué une «manière lâche, barbare et inhumaine de traiter les personnes fuyant la persécution et la guerre».