Le parquet égyptien a ordonné la libération de trois comédiens détenus depuis fin mars pour «fausses informations» et «terrorisme» après une chanson dénonçant l’inflation en Egypte, largement relayée en ligne, a annoncé dimanche, l’Initiative égyptienne pour les droits personnels (EIPR), la plus importante ONG des droits humains dans le pays des pharaons.
Les trois hommes, originaires du plus pauvre des 27 gouvernorats du pays, celui d’Assiout situé à 400 km au sud du Caire, avaient publié en mars dernier, sur la plateforme TikTok, une vidéo satirique où ils dénonçaient la hausse des prix sur l’air d’une chanson populaire. Convoqués par la Sûreté de l’Etat le 31 mars, ils avaient été placés en détention avant d’être libérés samedi.
Cette annonce intervient alors que le président Abdel Fattah al-Sissi a réactivé le comité des grâces présidentielles et que 41 détenus d’opinion, dont des figures de la « révolution » de 2011, ont été libérés le 24 avril de détention préventive. Le 27 avril, M. Sissi avait gracié 3.273 condamnés, dont le célèbre opposant Hossam Moniss.
Samedi, trois journalistes sont également sortis de prison, selon leur syndicat, dans un pays se trouvant à la 168ème place sur 180 dans le classement de la liberté de la presse de l’ONG Reporters sans frontières (RSF).
EIPR a indiqué le dimanche 24 avril que le parquet de la sûreté d’État avait ordonné la libération de neuf Coptes, emprisonnés depuis trois mois pour avoir réclamé la reconstruction de leur église incendiée.
Le comité des grâces promet plus de libérations mais aucun détenu d’opinion n’a bénéficié du près d’un millier de pardons présidentiels de la fête de fin du ramadan le 2 mai.
Elu en 2014, puis réélu en 2018, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, ex-chef de l’armée, est régulièrement accusé par les organisations de défense des droits de l’Homme d’avoir instauré un régime ultra-répressif.