Au moins 2.000 personnes ont participé dimanche à Tunis, à la première manifestation organisée par le Front de salut national, récemment formé par cinq partis opposés au mode de gestion du pays, par le président Kais Saied.
La fronde est déjà menée depuis des mois par le parti d’inspiration islamiste Ennahdha et le mouvement Citoyens contre le coup d’Etat du juriste Jahouar Ben Mbarek.
Brandissant des pancartes « we shall overcome » (« nous vaincrons ») ou « we are united not divided » (« nous sommes unis, pas divisés »), entre 2.000 et 3.000 manifestants se sont rassemblés devant le théâtre municipal sur l’avenue Bourguiba, l’artère principale de Tunis, la capitale.
Après des mois de blocage politique, Saied s’est arrogé le 25 juillet les pleins pouvoirs en suspendant les activités du Parlement. Depuis, même s’il a formé un gouvernement, il dirige le pays par décrets.
Dans une nouvelle étape franchie fin mars, il a dissous le Parlement et changé la composition du Conseil supérieur de la magistrature et de l’autorité électorale Isie.
Sous la pression de ses opposants qui dénoncent «un coup d’Etat» et de la communauté internationale, inquiète d’une dérive autoritaire dans le berceau du Printemps arabe, Saied a annoncé une feuille de route prévoyant un référendum sur la Constitution le 25 juillet et des élections législatives le 17 décembre.
Outre l’impasse politique, la Tunisie s’enfonce dans une grave crise économique avec une croissance atone, un chômage élevé, une inflation galopante accentuée par la guerre en Ukraine et un surendettement qui l’a poussée à demander un nouveau prêt au FMI.
La Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) a revu, mardi dernier, à la baisse les prévisions de croissance de la Tunisie les rament à 2% en 2022, en régression de 0,7%, depuis la mise à jour de mars dernier, tout en maintenant les prévisions à 2,5% de croissance pour l’année 2023.