L’accord passé entre le Royaume-Uni et le Rwanda, prévoyant de renvoyer vers ce pays africain, tous les migrants arrivés illégalement sur le sol britannique depuis le 1er janvier, est en train d’être mis à l’œuvre. Le premier groupe de demandeurs d’asile est désormais attendu au Rwanda.
Dans un communiqué publié jeudi, le porte-parole adjoint du gouvernement rwandais, Alain Mukuralinda, a fait savoir qu’un premier groupe d’environ 50 personnes devrait arriver «probablement dans les prochaines semaines» au Rwanda, se basant sur les informations communiquées par les autorités britanniques.
Pourtant, le 9 mai dernier, la ministre britannique de l’Intérieur, Priti Patel, a reconnu que les premiers vols n’auront pas lieu avant plusieurs mois.
«Nous voyons divers obstacles et barrières, principalement de la part de cabinets d’avocats spécialisés qui veulent bloquer l’expulsion de personnes n’ayant pas le droit d’être dans notre pays», a-t-elle déploré.
L’accord entre le Royaume-Uni et le Rwanda a été annoncé en grande pompe le mois dernier, avec à l’affiche un premier financement de Londres de l’ordre 120 millions de livres (144 millions d’euros) à mettre à la disposition de l’Etat rwandais qui est allé jusqu’à offrir la possibilité aux migrants concernés «de s’installer de manière permanente au Rwanda s’ils le souhaitent».
Les deux parties continuent à défendre mordicus les retombées positives du projet. D’ailleurs le gouvernement rwandais vient de présenter à la presse trois hôtels de la capitale qui vont accueillir les demandeurs d’asile. D’autres résidences pourraient également être réquisitionnées à cet effet, dans les périphéries de Kigali. Il est bien précisé que tous les frais sont à la charge de Londres.
Qu’à cela ne tienne, l’opposition britannique et rwandaise, ainsi que les ONG de défense des droits de l’homme et des immigrés, y compris l’ONU, s’opposent à l’accord, craignant pour les droits des migrants.
Selon Lewis Mudge, directeur Afrique centrale pour Human Rights Watch, «le Rwanda a des antécédents d’abus des droits humains. C’est aussi un pays dans lequel la liberté d’expression n’est pas respectée (…) Il s’agit d’une pure hypocrisie de la part du gouvernement britannique de considérer aujourd’hui le Rwanda comme un des pays les plus sûrs du monde».