L’imam Mahmoud Dicko, figure très respectée au Mali, a qualifié jeudi d’«arrogante» l’attitude des militaires qui dirigent le pays, et jugé en même temps, «orgueilleuse» la communauté internationale, au moment où l’une et l’autre sont en plein bras de fer.
L’influent religieux qui s’exprimait lors d’un forum de discussions en cours jusqu’à samedi à Bamako, a lui-même plaisanté sur l’éventualité que ses propos lui vaillent d’être interpellé à sa sortie.
Selon l’imam Dicko, le peuple malien est «pris en otage» entre les deux parties et est en train de «mourir à petits feux» sous l’effet de la propagation jihadiste et des pénuries provoquées notamment par les sanctions internationales et régionale contre le Mali.
«C’est pour cela que j’ai parlé de l’arrogance de nos dirigeants. Je le dirai ici, je peux sortir, ils vont m’interpeller, mais je le dirai: leur arrogance, et l’orgueil de la communauté internationale, c’est le peuple malien qui est en train de payer ça», a-t-il martelé.
Il a également critiqué la «classe politique moribonde, qui ne bouge pas, qui n’existe plus, une société civile qui a cessé d’exister».
La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a infligé en janvier de vigoureuses mesures de rétorsion au Mali pour sanctionner le dessein qu’avait alors la junte de se maintenir au pouvoir jusqu’à cinq années supplémentaires. La junte a ramené cette transition à 24 mois. La CEDEAO doit tenir un sommet sur le Mali et d’autres sujets le 4 juin à Accra.
Mahmoud Dicko avait été la figure tutélaire de la contestation contre le président déchu Ibrahim Boubacar Keïta, jusqu’à ce que ce dernier soit renversé le 18 août 2020 par les militaires toujours au pouvoir aujourd’hui.