Le chef du Conseil souverain de transition au Soudan, le général Abdel Fattah al-Burhane a levé dimanche, par décret, l’état d’urgence en vigueur depuis 7 mois dans le pays, a annoncé dans un communiqué le Conseil souverain de transition.
La mesure est présentée comme une main tendue aux opposants à la junte, pour créer selon le communiqué, «l’atmosphère nécessaire à un dialogue fructueux et significatif pour la stabilité durant la période de transition».
Le général al-Burhane avait instauré l’état d’urgence le 25 octobre dernier après son coup d’Etat militaire. D’autres décisions avaient été exécutées dont le limogeage du gouvernement de transition alors en place, accompagnées des arrestations de certains responsables civils.
Depuis lors, les manifestations réclamant le retour des civils au pouvoir se sont poursuivies en dépit de la forte répression menée par l’armée et qui s’est soldée parfois par des morts parmi les protestataires. Des médecins dénombrent au moins 98 personnes tuées et plus de 4.300 autres blessées pendant la répression des manifestations par les forces de l’ordre.
La dernière protestation en date remonte à samedi dernier, la veille de la levée de l’état d’urgence. Deux manifestants ont été tués, l’un abattu par les forces de sécurité et l’autre a suffoqué après avoir inhalé des gaz lacrymogènes.
En mettant fin à l’état d’urgence, le chef du Conseil souverain de transition aurait-il agi sous la pression de la communauté internationale qui appelle à la fin des hostilités et à un dialogue entre les différentes parties ? En tout cas, les militaires au pouvoir se disent prêts à participer aux tentatives de médiations menées, entre autres, par l’ONU et l’Union africaine.
L’émissaire des Nations Unies au Soudan, Volker Perthes, qui a dénoncé les dernières violences de ce week-end, a exhorté les autorités militaires «à trouver une solution pacifique à la crise actuelle» dans le pays.
Entre temps, les mouvements de résistance persistent et signent ; ils prévoient une semaine de manifestations pour commémorer les trois ans du massacre du 3 juin 2019 pendant lesquels plus de 130 personnes avaient péri.
Le Soudan peine à retrouver la paix tant espérée après la fin du régime du président Omar el-Béchir, obtenue grâce à la pression de la rue. La transition lancée en 2019 a été interrompue par le putsch d’al-Burhane.