Médecins sans frontières (MSF) a affirmé, dans un communiqué publié mercredi sur son site web, que les autorités algériennes ont violemment refoulé, de janvier à mai 2022, un total de 14.196 migrants clandestins majoritairement des subsahariens.
Ces personnes seraient abandonnées en plein désert à la frontière algéro-nigérienne, au lieu-dit «Point Zéro», à 15 km de la ville d’Assamaka, précise l’ONG.
Les violences et les abus ont été souvent le lot quotidien de ces migrants, indique MSF, précisant que près de 70% des personnes qui bénéficient de ses soins témoignent avoir subi des actes brutaux aux frontières.
«La gravité des exactions commises sur les migrants est indiscutable. Les témoignages de nos patients et leur état de santé physique et mental à leur arrivée dans nos structures sanitaires prouvent que ces personnes ont vécu des violences extrêmes au cours de leur expulsion des territoires algériens et libyens», déclare Jamal Mrrouch, chef de mission de MSF au Niger.
L’année passée, 27.208 migrants ont été expulsés de l’Algérie dans des conditions inhumaines vers Assamaka à la frontière du Niger, soit une hausse de plus de 17 % comparativement à 2020, souligne le communiqué.
L’ONG a réalisé au profit des migrants refoulés plus de 47.000 consultations médicales en 2021, dont 34.276 consultations de santé mentale. Trente-huit corps sans vie ont été trouvés entre 2020 et 2021.
Le fléau de l’immigration clandestine est encore loin d’être vaincu tant les raisons qui font fuir les personnes de leur pays (insécurité, famine, conflits…) sont encore en vigueur.
Les initiatives prises par les pays convoités par les migrants ne donnent pas jusque-là les résultats espérés. Les routes migratoires enregistrent toujours de nouveaux candidats et deviennent de plus en plus meurtrières.
«C’est (…) notre devoir de lancer un appel aux autorités concernées, à l’Union Européenne et aux partenaires humanitaires afin que des mesures immédiates soient prises pour le respect de la dignité humaine dans le contrôle des frontières », a déclaré Jamal Mrrouch avant de conclure que «Nous ne pouvons plus continuer à simplement ignorer cette situation en pensant que le problème se résoudra de lui-même».