L’ancien président nigérien, Mahamadou Issoufou, médiateur ouest-africain pour le Burkina Faso, a déclaré samedi dernier à Ouagadougou, que près de la moitié du territoire national était désormais hors du contrôle de l’Etat.
«Aujourd’hui, 40% du territoire sont hors du contrôle de l’état», a déclaré M. Issouffou, a l’issue d’un entretien avec le chef de la junte, le lieutenant-colonel, Paul-Henri Sandaogo Damiba.
Ce dernier avait renversé l’ex-président Roch Marc Christian Kaboré, l’accusant d’avoir été incapable d’enrayer la violence jihadiste et fait du rétablissement de la sécurité sa «priorité».
Mais les attaques n’ont pas cessé et le week-end dernier, au moins 86 civils ont été tués dans la ville de Seytenga (nord), l’un des pires massacres dans l’histoire du pays.
«Ces événements, très douloureux, prouvent combien la situation sécuritaire demeure difficile», a déclaré M. Issoufou. «Je repars avec la délégation de la CEDEAO réconfortée, de l’ouverture d’esprit, de l’ouverture au dialogue du chef de l’Etat», a salué. M. Issoufou.
Le Burkina Faso a fixé à trois ans la durée de la transition, après la prise du pouvoir fin janvier par l’armée, avant l’organisation d’élections. La CEDEAO avait demandé fin mars au Burkina de donner un nouveau calendrier «raisonnable» de la transition d’ici le 25 avril, mais Ouagadougou avait demandé un délai supplémentaire.
A l’issue d’un sommet début juin, la CEDEAO avait maintenu la suspension du Burkina de tous ses organes et annoncé la nomination de l’ancien président du Niger Mahamadou Issoufou comme facilitateur.
Le Burkina Faso est pris depuis 2015 dans une spirale de violences, attribuées à des mouvements armés jihadistes affiliés à Al-Qaïda et au groupe Etat islamique, qui ont fait plus de 2.000 morts et 1,9 million de déplacés en interne et de plus en plus hors de ce pays sahélien.