Un millier de Tunisiens ont manifesté dimanche à Tunis, la capitale contre le projet de nouvelle Constitution qui doit être soumis à référendum en juillet prochain et la révocation de 57 juges par le président Kais Saied.
A l’appel du « Front de salut national », une coalition d’une dizaine d’organisations d’opposants, dont le parti d’inspiration islamiste Ennahdha, les manifestants ont sillonné les rues de la capitale scandant : «Le peuple veut l’indépendance de la justice» et «Constitution, liberté et dignité».
Des figures politiques ont ensuite pris la parole pour appeler les Tunisiens à boycotter les référendums constitutionnels et s’opposer à l’autoritarisme du président Saied qui s’est arrogé les pleins pouvoirs lors d’un coup de force le 25 juillet 2021 et dissout le Parlement dominé par le parti islamo-conservateur Ennahdha, sa bête noire.
Le 1er juin, le président Saied a par ailleurs révoqué par décret 57 juges, après avoir renforcé sa tutelle sur le système judiciaire. Cette décision, dénoncée par plusieurs ONG, dont Human Rights Watch et Amnesty International, comme une «attaque directe contre l’Etat de droit», a entraîné une grève des magistrats tunisiens, qui entrera ce 20 juin dans sa troisième semaine. La grève est initiée pour protester contre la révocation de leurs confrères.
Un «dialogue national» a été organisé par le président il y a deux semaines pour élaborer une nouvelle Constitution, avant les élections législatives prévues en décembre prochain.
Le dialogue a été boycotté par l’opposition, dont la puissante organisation syndicale UGTT, qui estime que des acteurs clés de la société civile et les partis politiques en sont exclus.
Une ébauche de la nouvelle Constitution doit être remise ce 20 juin au Chef de l’Etat Saied avant d’être soumise dans un mois, à un référendum populaire pour un simple vote par un oui ou un non.