L’ancien chef d’Etat du Burkina Faso, Blaise Compaoré, condamné par contumace à perpétuité pour l’assassinat en 1987, de son prédécesseur, Thomas Sankara, a finalement demandé, ce mardi 26 juillet, «pardon» à la famille du défunt, ainsi qu’au «peuple burkinabé» pour les douleurs endurées pendant qu’il était à la tête du pays.
Il s’est exprimé à travers un message lu par le porte-parole du gouvernement, Lionel Bilgo. «Je demande pardon au peuple burkinabé pour tous les actes que j’ai pu commettre durant mon magistère et plus particulièrement à la famille de mon frère et ami Thomas Sankara», indique-t-il.
«J’assume et déplore du fond du cœur toutes les souffrances et les drames vécus par toutes les victimes durant mes mandats à la tête du pays et demande à leurs familles de m’accorder leur pardon», a-t-il ajouté.
Compaoré, 71 ans, avait dirigé le pays pendant 27 ans (1987-2014). Il avait accédé à la magistrature suprême à la suite d’un putsch qui avait coûté la vie à son ami Sankara, alors au pouvoir. Mais il n’a jamais reconnu son implication dans cet assassinat.
D’ailleurs, il a fallu attendre le renversement de son régime, provoqué par un soulèvement populaire, pour que le procès Sankara s’ouvre effectivement en octobre 2021, soit 34 ans après sa disparition tragique.
En avril passé, le tribunal militaire de Ouagadougou a condamné Compaoré par contumace à la prison à perpétuité pour son rôle dans cet assassinat et depuis lors de nombreux Burkinabè réclament en vain son extradition de la Côte d’Ivoire où il s’était refugié.
Début juillet, Compaoré a effectué un bref séjour à Ouagadougou, invité par le chef de la junte au pouvoir, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, dans le cadre de la réconciliation nationale. Après les entretiens avec le président de la transition, Blaise Compaoré est retourné à Abidjan sans être inquiété.
Ses excuses publiques ont-elles été bien accueillies par ses compatriotes ? Des réactions ne tarderont certainement pas. Entre temps, Compaoré a exprimé «sa profonde reconnaissance aux autorités de la transition» et invité les Burkinabè «à une union sacrée, à la tolérance, à la retenue, mais surtout au pardon pour que prévale l’intérêt supérieur de la nation».