Le gouvernement burkinabè a condamné et mis en garde jeudi contre des appels «au meurtre et à l’épuration ethnique» de la minorité peule du pays des peuls, des appels relayés récemment sur les réseaux sociaux.
«Ce sont des propos d’une extrême gravité qui n’ont d’équivalence que les dérives de la radio Mille collines qui ont conduit au génocide rwandais (en 1994), une des pires tragédies de l’humanité et de laquelle nous devons savoir tirer des leçons», écrit Lionel Bilgo, porte-parole du Gouvernement burkinabè, dans une déclaration adoptée par le Conseil des ministres.
Ces appels, sous forme d’enregistrements audio postés principalement sur le réseau WhatsApp, invitaient les populations «autochtones» à s’en prendre par le meurtre et les exactions aux Peuls de leur région, en particulier dans le Sud-ouest du pays frontalier de la Côte d’Ivoire.
Selon Bilgo, «il s’agit bien de discours haineux, subversifs, dangereux…», qui imposent «d’agir résolument et fermement avant que l’irréparable ne se produise».
Mardi dernier, Alpha Barry, ancien ministre des Affaires étrangères du président Roch Marc Christian Kaboré, renversé en janvier par un putsch militaire, alertait lui sur «le risque d’une vraie guerre civile», après la diffusion de ces enregistrements.
Pour l’éviter, il a appelé les politiques, religieux, intellectuels, chefs coutumiers et autres leaders à «prôner la cohésion et le vivre-ensemble qui sont le ciment de notre nation».
Le Burkina Faso est confronté à la violence de mouvements armés jihadistes affiliés à Al-Qaïda et au groupe Etat islamique, qui y ont fait depuis 2015 des milliers de morts et quelque deux millions de déplacés.
Depuis que des Peuls ont rejoint des groupes jihadistes, l’amalgame «Peul égal terroriste» est régulièrement établi, ce qui attise les tensions entre communautés. Des accusations valables dans d’autres pays ouest-africains également.