La justice sud-africaine a confirmé jeudi l’interdiction pour le géant des hydrocarbures Shell de mener une exploration sismique au large de la touristique « Wild Coast » (est), réaffirmant une victoire inédite des locaux et écologistes qui craignaient de graves perturbations pour la faune marine.
Le projet avait déjà été suspendu par la justice en décembre, « avec effet immédiat ». Ce jeudi, la décision accordant «un droit d’exploration (…) pour la recherche de pétrole et de gaz dans les zones d’exploration du Transkei et d’Algoa est révisée et annulée», a déclaré le tribunal de Makhanda (aussi appelée Grahamstown) dans la province de l’Eastern Cape.
«Les communautés requérantes soutiennent qu’elles ont des devoirs et des obligations concernant la mer et d’autres ressources communes comme la terre et les forêts», a souligné le tribunal.
Dans sa première décision, la justice avait reproché à Shell de ne pas avoir rempli son obligation de consulter la population locale détenant des droits de pêche et cultivant un « lien spirituel et culturel particulier avec l’océan ».
Le projet d’exploration impliquait l’envoi d’une puissante onde de choc toutes les dix secondes, dans une zone de 6.000 km², par des bateaux équipés de canons à air.
Selon les défenseurs de la nature, la plupart des animaux marins s’appuient sur leur audition et de telles détonations peuvent perturber leur comportement, alimentation ainsi que leurs migrations et cycles de reproduction, notamment pour les baleines. Le tribunal a également observé que Shell n’avait pas démontré que cette activité profiterait à la communauté locale, notamment par la création d’emplois.
La « Wild Coast », aux paysages sauvages spectaculaires, s’étend sur quelque 300 km au bord de l’océan Indien et compte plusieurs réserves naturelles ainsi que des zones marines protégées.